L’anodisation est un procédé
industriel qui peut etre assez complexe, il en existe plusieurs
variantes selon l’effet recherché, celle ci a pour avantage d’etre
simple, pas prise de tete et de rendre tres honorablement.
materiel : un bol (non métallique) ou petit recipient
de l’eau
de l’acide sulfurique, attention !!! (à la droguerie du coin, à auchan ou au casto).
une barre de graphite (tiré d’un gros crayon de maçon par exemple) (casto-leroy...)
2 pinces croco (mag d’electronique)
du fil electrique souple (1mm² suffisent)
des chutes d’alu pour les tests (du tube ou de la tige)
de l’encre scolaire
du scotch d’ecolier (pas necessaire pour les premiers essais)
une alim entre 12 et 24V (ou avec des accus en série)
de la toile emeri fine (grains 600 env)
une éprouvette (bien pour les tests, une fois qu’on a compris on peut prendre autre chose + grand)
PrincipeTout d’abord il faut savoir ce que c’est qu’une anodisation :
l’aluminium a la propriété en s’oxydant de se recouvrir d’une pellicule
plus ou moins épaisse : l’alumine qui offre un état de surface bien plus
dur que de l’alu pur. L’anodisation est un "forcage" de cette
oxydation. On peut aussi (et c’est ce qui est assez interessant) colorer
une piece en aluminium.
MethodeRemplir le bol d’eau puis ajouter doucement (pas d’eclaboussures) 3
ou 4 cuillères à soupe d’acide (euh c’est une manière d’indiquer la
dose, attention l’acide surtout si tres concentré attaque le métal, donc
à la cuillère plastoc sinon
). L’acide permet une meilleure
conductivité de l’au et "mange" un peu l’alu.
Bien préparer la pièce en alu, poncage fin, degraissage, bain d’acide
pur (gaffe hein !) si endroits inaccessibles au poncage.
Cabler les pinces crocos sur les pôles de l’alim via les fils.(Attention
aux cours jus !, pas de contact entre les 2 pinces une fois cablées).
Agripper une pince croco (pole -) à la mine graphite, plonger la mine
dans la solution d’acide, ne pas y plonger la pince (elle est en
métal...)
Agripper la piece en alu (une tige d’alu sera parfaite pour debuter) au
pole + . La plonger dans la solution d’acide elle aussi, attention ne
pas faire toucher la mine et la piece en alu (tjrs à cause des cours
jus).
Il doit y avoir un léger degagement gazeux c’est normal, il ne doit
pas etre trop important quand meme. S’il est trop important reduire la
tension (à 12V il peut ne pas y avoir de micro-bulles, donc le processus
sera + long). Une fine couverture de bulles collées à la mine de
graphite indique un courant correct. Ceux qui ont un amperemètre
pourront verifier : entre 20 et 100mA par cm² d’alu à traiter. Enfin à
la louche ca marche aussi
La concentration en acide joue aussi (je suis déjà allé jusqu’à 1/3
d’acide pour 2/3 d’eau ca marche aussi
)
Laisser trempouiller entre 15 et 45 minutes selon la vivacité de la
réaction.
Sortir de la solution, rincer la piece sous l’eau claire (attention
les doigts qd meme en sortant la piece, ca fait pas fondre les doigs
mais ca irrite si on s’acharne, les lunettes de protections sont les
bienvenues et les lavages de mains réguliers aussi
)
Vous pouvez observer une difference de brillance entre la partie qui
trempait et la partie qui ne trempait pas. Secher la pièce.
Maintenant la coloration :
Pour exemple on va prendre de l’encre rouge, facile à trouver.
« Egorger » plusieurs cartouches dans l’éprouvette (1/4 de l’eprouvette
suffit). Vous pouvez vérifier que la partie traitée de l’alu absorbe
l’encre alors que la partie non traitée la laisse glisser.
Plonger la partie traitée dans l’éprouvette, attention le niveau ne doit
pas exceder la moitié, vous allez vite comprendre pourquoi..
Mettre l’éprouvette sur le gaz, en bougeant un peu, pour ne pas chauffer
trop fort et ne pas faire peter l’eprouvette (incliner un peu
l’éprouvette, ne chauffez pas là où il n’y a pas de liquide et ne
tourner pas l’eprouvette vers vous). Attention des que ca commence à
bouillir le niveau monte tres vite et risque de gicler, non seulement ca
tache mais surtout ca brule ! allez y doucement quoi
.
Laissez bouillir (fremir suffit) 5 minutes.
Sortir la piece sans se bruler (enfin sauf si vous aimez...
)
Rincer la piece, oh miracle la piece reste colorée !
Vous pouvez verifier la différence de dureté de surface en faisant
glisser un lame de scie à metaux sur la piece, coté traité et coté non
traité.
Chimiquement que s’est il passé ?
Pendant la phase d’ « electrolyse » la surface de la piece s’est oxydée
et a formé des cristaux d’alumine. Ces cristaux ressemblent à du nid
d’abeille, plein de petites alvéoles creuses. Ce sont ces alvéoles qui
absorbent la teinture et rendent la surface « mouillante ».
La phase d’ébullition dite de « colmatage » referme ces alvéoles, la
teinture restant piégée dedans !
Cette couche d’alumine va proteger et colorer vos petites pièces en
alu
Par contre attention si vous voulez re-anodiser une piece en alu déjà
anodisée (ou oxydée) il faut enlever la precedente couche, et là pas de
secret faut poncer ! Voilà pourquoi j’insiste sur la propreté de la
pièce à traiter. De meme ne pas toucher la partie traitée entre
l’electrolyse et le bain de colorant, les doigts étant gras on verrait
votre empreinte digitale une fois le bain de coloration effectué
.
Comprendre le mécanisme chimique permet de ne pas faire n’importe quoi
et permet entre autre d’expliquer pourquoi des pigments trop gros
n’arriveront pas à colorer l’alu : parce qu’il n’arriveront pas à
rentrer dans les alvéoles.
Pour ceux qui commencent à maitriser la technique vous allez pouvoir
aller plus loin :
Enrouler une bande de scotch autours du tube avant electrolyse,
l’enlever apres. On obtient une limite nette. Proceder au bain,
appreciez le resultat
On peut ainsi colorer une meme pièce avec des
couleurs differentes ! On peut faire des masques avec des formes variées
(tattoo, lettres....). Des masquages avec vernis divers (à ongle ?)
doivent etre possibles, verifier simplement la compatibilité avec
l’acide.
voilà des essais recents pour illustrer mes propos :
sur ces images on voit un voile violet au dessus de la zone où
j’avais mis le scotch. C’est parce que pdt quelques minutes (2 ou 3)
j’avais fait tremper au delà du scotch donc l’alu c’est legerement
anodisé à cet endroit, donc au moment de la cuisson dans l’encre
seulement une tres petite quantité d’encre a été piegée dans l’alumine
et on se retrouve avec un simple voile violet. Comme encre j’ai utilisé
celle que l’on voit en fond (ca coute moins de 4€ et ca evite
l’egorgement des cartouches d’encre, trouvable dans les magasins d’arts
graphiques)
un autre avantage de la coloration par anodisation : ca s’infiltre partout
Recapitulation des branchements des différents elements.
On y voit egalement le bac d’encre qui m’a servi à la cuisson dans l’encre.